Wednesday, May 30, 2018

Lettre à un ami : le Dzogchen


Quelle que soit votre expérience, posez-vous la question suivante :
 
Qui fait cette expérience ?
 
À chaque fois que vous réfléchissez de la sorte, vous basculez dans l’expérimentateur véritable. Alors, vous prenez conscience que vous êtes l’expérimentateur et non l’expérience.
 
L’aspect le plus reconnaissable de ce phénomène est l’immuabilité de ce qui observe l’expérience, là où par nature, toute expérience fluctue. Vivre cela permet de réaliser le Dzogchen. Alors, le soi, l’individualité disparaît. C’est pour cette raison que le Bouddha a donné à l’Éveil le nom de retour au « Non-soi » (Anatta). Dans cet état, il n’y a aucune fluctuation.
 
Rappelez-vous qu’il existe un nombre infini d’enseignements du Dharma, correspondant à chaque situation. Quand on bascule dans l’expérimentateur, les enseignements du Dharma jaillissent spontanément. Cela paraît incroyable quand on observe quelqu’un qui présente ainsi le Dharma, mais la chose est très aisée pour l’enseignant, car en fait, il n’y a personne qui enseigne quoi que ce soit. De manière ludique et spontanée, tout coule… de Source.
 
Quand on est établi dans cette réalité, on est à même d’expliquer des vérités très complexes et subtiles en des termes très simples, facilement compréhensibles. Et la maîtrise s’exprime à travers une communication brillante, éclairante. Immédiatement, tout devient transparent.
 
Qu’est-ce donc que le Dzogchen ? Sa saveur est délicieuse, encore plus qu’une glace !
 
Gardez également à l’esprit le fait que de nombreux enseignements tibétains proviennent en réalité de l’Inde (Padmasambhava s’est formé et a enseigné à l’université Nalanda en Inde, grand centre d’apprentissage spirituel et ésotérique). Ces enseignements indiens du Dharma ont été traduits en tibétain. Parfois, il est plus simple de retrouver l’enseignement originel et de travailler dessus pour que les choses soient plus claires.
 
Si par exemple on se penche sur le terme « rigpa », on obtient « vidya » en sanskrit. Le savoir qui découle du contact avec la nature originelle de l’être.
 
De même, le mot Dzogchen provient des termes sanskrits Mahasandhi d’une part, signifiant l’accès à la quintessence, ce qui indique que le Dzogchen est au cœur de tous les enseignements du Dharma et Ati Yoga d’autre part, signifiant « Yoga primordial » ou encore ce qui nous relie à la nature véritable de l’être infini et immuable. Par ce terme, on entend également que l’on se trouve au sommet d’une montagne et que l’on observe la vie depuis ce point.
 
Aussi, gardez en tête que ces termes sanskrits et le savoir associé existaient bien avant les enseignements tibétains. Les enseignements indiens de l’Advaita (Non-dualité) ont largement précédé les enseignements tibétains du Dzogchen.
 
On pourrait dire que tout est un perpétuel recommencement. 
 
Ceci étant dit, j’ajouterai que je trouve très intéressant le fait que certaines pratiques préliminaires du Dzogchen incluent ce qu’on appelle les exercices Korday Rushan, dont le but est de séparer l’essence de l’apparence temporaire (Nirvana et Samsara).
Pour faire Korday Rushan, il faut « se rendre dans un endroit isolé et exprimer tout ce qui nous vient en tête par des actes. » Cela me rappelle tout particulièrement Osho qui insistait sur la catharsis, sur le besoin de se débarrasser des émotions toxiques en préalable à la méditation. À ce sujet, la méditation dynamique d’Osho est un exemple merveilleux de la méthode Korday Rushan.
 
Comme vous le constatez, l’essentiel est d’accéder au point de vue le plus élevé, donnant une vue d’ensemble. Cette position permet une compréhension facile et globale. Toutes les choses, qui pourraient échapper à notre regard quand on demeure trop dans le monde des apparences, prennent alors leur sens. 
 
Bien à vous, ami du Dharma
Lhundrup 

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