Wednesday, May 30, 2018

La méditation : le chemin vers la complétude

Ce qui nous amène à un autre sujet très intéressant : qu’est-ce que la méditation ? D’une part, la méditation nécessite du travail, de la pratique et d’autre part, il s’agit d’un état. Il faut pratiquer certaines techniques pour méditer et lorsqu’elles commencent à porter leurs fruits, elles deviennent révélatrices, elles dévoilent ce qui est caché. Le film « Lucy », de Luc Besson, a pour thème ce qui arrive à l’être humain si 100 % de son potentiel cérébral est activé. Ce qui est décrit dans le film est très similaire au processus méditatif, surtout en l’état actuel des choses, puisque nous fonctionnons avec à peu près 1 % de notre potentiel cérébral. 

La science affirme que peut-être 5 ou 10 % de notre cerveau est activé ; mais pour moi, c’est un chiffre exagéré : il est peut-être de l’ordre d’1 % d’1 %. Si je vous pose la question : « comment vous sentez-vous dans votre vie ? », vous regarderez à l’intérieur et me donnerez peut-être une réponse du genre : « J’ai le sentiment d’être incomplet, qu’il y a quelque chose qui manque à l’intérieur moi ». C’est l’histoire de l’iceberg qui flotte dans l’eau : on n’en voit que la pointe, alors que 95 % de l’iceberg sont immergés. Nous sommes tous dans cette situation : nous sommes tous des icebergs flottants, n’ayant conscience que de 5 % de ce que nous sommes. Quant aux 95 % restants, mystère...

Dans ce film, Lucy, le personnage principal, joué par Scarlett Johansson, appelle sa maman et lui dit, sentant son potentiel décuplé : « Maman, je ressens tout ». Cela pourrait vous surprendre, mais c’est exactement ce qui se passe quand une méditation porte ses fruits. Vous ressentez beaucoup, vous devenez de plus en plus sensible. Et justement, les personnes qui viennent à nos méditations ont un point commun : cette hypersensibilité. Toutes ces personnes ont beau avoir des âges différents et provenir de catégories socioprofessionnelles diverses et variées, elles ont une sensibilité qui les a amenées à chercher des activités méditatives. Elles sont aussi douées d’une grande intelligence, l’intelligence étant d’ailleurs également un signe de réussite méditative, puisque l’on a découvert que la pratique de la méditation active les aires cérébrales de l’intelligence, du génie.

Les sages disent que c’est une vraie bénédiction, et même un privilège d’être au contact de pratiques du dharma, de techniques méditatives efficaces. Le dharma est à la fois un état, mais aussi un chemin, une évolution, un cheminement qui nécessite des outils spirituels. J’éprouve beaucoup de gratitude, car j’ai en ma possession des techniques très précieuses qui favorisent grandement la transformation. Je sais pourquoi je me réveille le matin, c’est capital. 

Et l’une des choses que j’adore dans mon travail, et il y en a beaucoup, est qu’entre le moment où les participants rentrent dans notre salle de méditation et le moment où ils en ressortent, phénomène que j’ai constaté un nombre incalculable de fois en quarante ans, leur visage s’est véritablement embelli, il est devenu rayonnant. 

Alors je me dis : « Ouah ! J’ai de la chance ! Grâce à mon travail, les gens sont plus beaux ! Ouah ! » Je suis très reconnaissant d’être en mesure d'apporter de la beauté dans la vie des gens. C’est d’ailleurs une possibilité qui s’ouvre à vous dès maintenant ! Dans la minute qui suit, prenez votre téléphone et envoyez un magnifique SMS qui fasse sourire quelqu’un, par exemple : « J’apprécie ce que tu es, merci d’être présent dans ma vie ». Ou invitez quelqu’un à manger, etc. Il y a tellement de choses que l’on peut faire pour faire sourire les gens. Des choses parfois simples. Il suffit d’oser, voire d’oser oser.

Le processus méditatif fait de vous quelqu’un de plus rayonnant, de plus joyeux, de plus lumineux, et cela a un sens extraordinaire sur le plan existentiel. Vous ne le savez peut-être pas, mais la méditation est une clef qui peut ouvrir les portes d’un monde magique. Cela fait maintenant quarante-quatre ans que je médite et croyez-moi, j’en suis certain.

La joie vous attend, beaucoup de joie, en particulier pour les femmes qui, grâce à la méditation, n’auront pas besoin de chirurgie esthétique pour paraître plus belles ! Méditez, vous deviendrez rayonnantes.

À mon sens, le processus méditatif est très intimement lié à l’appel à la révolution de la positivité radicale. Je veux voir une révolution de positivité, je veux vous voir créer une révolution de beauté. Faites de vous-même un être de plus en plus beau. Exprimez la beauté dans vos interactions avec autrui. Exprimez la beauté dans vos actions, dans vos paroles au quotidien. Je vous demande de commencer une révolution de la douceur dès maintenant. Encore une fois, prenez vos téléphones et exprimez tout cela, par sms ou autre. 

Exprimez la positivité maintenant ! Exprimez la beauté ! Exprimez la douceur ! Pourquoi ? C’est la voie de la conscience, c’est le paroxysme de la conscience. Il n’est pas nécessaire de méditer pendant quarante ans pour en arriver là, il suffit d’un simple changement mental et de descendre dans son cœur, de passer de la tête au cœur. Voilà tout ! Il n’y a pas besoin de toute une vie de méditation pour cela, il suffit de changer votre perspective. Je vous en supplie. Non seulement c’est un choix conscient, mais en plus, c’est le choix le plus élevé. 

De plus, en cette époque, au vu de l’évolution de notre planète, c’est une nécessité. Et vous savez que ce genre de comportement est contagieux. Si la négativité est contagieuse, la positivité l’est aussi, encore plus que la négativité. On peut souvent penser : « Je suis totalement impuissant face à tout ce qui se passe dans le monde ». Mais c’est totalement faux. Vivez comme si chaque instant, chaque respiration comptaient. Comment vivriez-vous si vous saviez qu’aujourd’hui était votre dernier jour sur Terre ? Que changeriez-vous ?

Je suis à genoux ; je vous implore de prendre une décision ferme en faveur de la révolution de la positivité radicale. Apportez la beauté à autrui, à la planète. Cela métamorphosera votre vie. Je vous promets que cela vous apportera davantage de satisfaction que toute expérience de shopping sur les Champs Élysées. Élargissez votre conscience, soyez dans l’expansion, soyez extrêmement généreux, ne comptez pas. Faites que cette planète soit plus belle et que votre vie soit plus vaste, plus ouverte. Telle est ma proposition. Et s’il n’y a que dix personnes qui passent à l’acte, cet ouvrage aura été un succès.

La révolution de la positivité radicale

Notre environnement et même la Terre entière sont contaminés par une pollution ambiante. Cette toxicité se voit très facilement, car elle est omniprésente. Cela crée pour moi une obligation. Plus que jamais, nous avons le devoir de laisser de côté toute forme de passivité et d’avoir un discours qui soit encourageant, positif, des actes qui soient inspirants. Ce qui nous amène immédiatement à la nécessité du travail sur soi. Ce travail est à la fois simple et complexe. La positivité radicale exige une observation radicale de soi, car on ne peut être radicalement positif si l’on n’est pas radicalement conscient de ce que l’on pense, dit et fait. Étonnamment, le Christ avait raison lorsqu’il disait : « Père […], ils ne savent pas ce qu’ils font » : en effet, une grande partie de l’humanité vit dans l’inconscience, c’est-à-dire que les gens, d’une manière générale, pensent, parlent et agissent sans être conscients.

 J’ai personnellement passé de nombreuses années à « entraîner mon mental », comme le disent les Tibétains. Car il faut bien l’exercer, il faut s’observer tout le temps. Les pensées négatives peuvent être très subtiles et donc demander beaucoup d’attention pour que l’on puisse en prendre conscience. Au bout du compte, le travail consiste à devenir conscient de ses programmes négatifs et à ensuite cesser de les exprimer. C’est la première chose à faire sur le chemin de la positivité. 

La première étape si l’on veut être positif est de ne pas être négatif ; c’est déjà un grand pas. Et en particulier, je me suis beaucoup entraîné à exprimer mentalement ma gratitude dès que je vois la moindre expression de beauté. À la première occasion, quand je vois quelque chose de positif chez quelqu’un, j’essaie de lui en faire part : « J’apprécie ce que vous faites, ce que vous êtes. » À première vue, cela peut paraître bien peu, mais en réalité, c’est beaucoup. Ce n’est pas simple non plus, car si vous êtes élevé dans un environnement familial dans lequel vous avez reçu peu d’appréciation, vous-même devenez incapable d’exprimer vraiment votre appréciation, chose très triste dans la mesure où le pouvoir du verbe est si transformateur. Dites dès que vous le ressentez : « je t’aime ». Si je vous dis maintenant, sincèrement « je vous aime », cela change quelque chose en vous, n’est-ce pas ?

 Osho disait qu’une fois que l’on commence à méditer, il faut être encore plus conscient du pouvoir de son verbe, car quand votre méditation porte ses fruits, votre force intérieure se démultiplie. Comme le disait le Bouddha au sujet du pouvoir de la pensée : « Nos pensées d’hier créent notre réalité d’aujourd’hui et nos pensées d’aujourd’hui créent notre réalité de demain ». Le Bouddha était un homme très observateur et très sage, grâce à la profondeur de ses méditations. Donc soyez-en conscient : votre réalité présente est le produit de vos pensées passées et votre avenir dépend de vos pensées présentes. Songez-y bien ! Si cela est vrai, cela signifie qu’à votre insu, vous êtes quelqu’un de très puissant. C’est un fait ignoré, car beaucoup de nos pensées sont inconscientes. 

Combien de fois par jour pense-t-on, voire, pire, dit-on : « Ce n’est pas possible ! » Il s’agit d’un acte créateur ; il faut s’entraîner à cesser d’emblée d’alimenter ce genre de pensée et à la remplacer par : « tout est possible », « des choses fabuleuses sont en train d’arriver dans ma vie », « tous les jours, je reçois des nouvelles merveilleuses », etc. Si vous répétez cela cent fois par jour, je vous le garantis, cette pensée va se réaliser. Il est prodigieux de savoir que l’on peut avoir une belle vie en travaillant sur son mental, en ayant de belles pensées positives.

Si l’on me demande le pourquoi de la vie sur cette planète, ma réponse sera très simple. Je vous renverrai à deux questions que se posaient les Égyptiens avant la mort : « ai-je trouvé la joie ? » et « si oui, l’ai-je partagée ? ». Vous pouvez organiser toute votre vie autour de ces deux questions essentielles. En soi, on a déjà là un code pour notre révolution de la positivité radicale. Cherchez la joie et partagez-la. Imaginez alors la beauté que vous créez ! Car nous sommes là pour embellir cette planète. Personnellement, mon travail sur cette Terre consiste à créer autant de sourires que possible. J’adore voir les gens sourire. Imaginez que vous vivez ainsi !

Le travail consiste donc à porter son attention sur des choses positives, ce qui demande beaucoup d’entraînement, parce qu’en quelque sorte, le mental aime la négativité. L’ego aime regarder une personne, voir en elle ses faiblesses et insister sur ce qui ne va pas en elle. Il est d’ailleurs étonnant qu’à partir du moment où nous-mêmes jugeons autrui, nous sommes dans un état d’oubli total de notre propre vie : il est presque garanti que quelle que soit l’insuffisance que vous percevez chez l’autre, vous trouverez dans votre vie un défaut équivalent. Ainsi, l’idée est, quand on s’apprête à juger quelqu’un, à le critiquer, de s’arrêter, de réfléchir et de se dire : « Mais au fait, est-ce qu’il m’est un jour arrivé d’avoir le même comportement ? » À titre personnel, lorsque je suis confronté à une situation similaire et que j’observe ma vie, je peux effectivement constater qu’à un moment donné, j’ai agi pareillement vis-à-vis d’autrui. C’est une vraie leçon d’humilité. C’est pour cela que les prises de conscience et la clarté peuvent créer des désagréments : on voit nos faiblesses et plus on en a conscience, plus il devient difficile de juger autrui, sachant ce que l’on a fait.

Un jour, le Christ voit une foule s’approcher de lui, cherchant son approbation à propos d’une femme censée avoir commis l’adultère. Cette histoire est très importante et même si, au fond, on ne sait pas si elle est véridique, elle illustre bien la condition humaine. La foule s’adresse donc au maître, à Jésus, voulant savoir s’il estimait que cette femme devait être lapidée. 

Et le Christ répond alors : « Que celui d’entre vous qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre ». Cette phrase est un véritable trait de génie, la marque d’une sagesse profonde, de son ancrage dans l’instant présent : à cet instant, il a forcé chacun dans cette foule à une introspection, chacun ayant manifestement oublié ses propres moments de faiblesse passés. Puis, toute la foule se disperse, chacun ayant été renvoyé aux actes dont il n’est pas fier. C’est pour cela que certains maîtres disent que se comporter avec compassion est le paroxysme de l’évolution. La compassion est un signe d’avancement.

Lettre à un ami : le Dzogchen


Quelle que soit votre expérience, posez-vous la question suivante :
 
Qui fait cette expérience ?
 
À chaque fois que vous réfléchissez de la sorte, vous basculez dans l’expérimentateur véritable. Alors, vous prenez conscience que vous êtes l’expérimentateur et non l’expérience.
 
L’aspect le plus reconnaissable de ce phénomène est l’immuabilité de ce qui observe l’expérience, là où par nature, toute expérience fluctue. Vivre cela permet de réaliser le Dzogchen. Alors, le soi, l’individualité disparaît. C’est pour cette raison que le Bouddha a donné à l’Éveil le nom de retour au « Non-soi » (Anatta). Dans cet état, il n’y a aucune fluctuation.
 
Rappelez-vous qu’il existe un nombre infini d’enseignements du Dharma, correspondant à chaque situation. Quand on bascule dans l’expérimentateur, les enseignements du Dharma jaillissent spontanément. Cela paraît incroyable quand on observe quelqu’un qui présente ainsi le Dharma, mais la chose est très aisée pour l’enseignant, car en fait, il n’y a personne qui enseigne quoi que ce soit. De manière ludique et spontanée, tout coule… de Source.
 
Quand on est établi dans cette réalité, on est à même d’expliquer des vérités très complexes et subtiles en des termes très simples, facilement compréhensibles. Et la maîtrise s’exprime à travers une communication brillante, éclairante. Immédiatement, tout devient transparent.
 
Qu’est-ce donc que le Dzogchen ? Sa saveur est délicieuse, encore plus qu’une glace !
 
Gardez également à l’esprit le fait que de nombreux enseignements tibétains proviennent en réalité de l’Inde (Padmasambhava s’est formé et a enseigné à l’université Nalanda en Inde, grand centre d’apprentissage spirituel et ésotérique). Ces enseignements indiens du Dharma ont été traduits en tibétain. Parfois, il est plus simple de retrouver l’enseignement originel et de travailler dessus pour que les choses soient plus claires.
 
Si par exemple on se penche sur le terme « rigpa », on obtient « vidya » en sanskrit. Le savoir qui découle du contact avec la nature originelle de l’être.
 
De même, le mot Dzogchen provient des termes sanskrits Mahasandhi d’une part, signifiant l’accès à la quintessence, ce qui indique que le Dzogchen est au cœur de tous les enseignements du Dharma et Ati Yoga d’autre part, signifiant « Yoga primordial » ou encore ce qui nous relie à la nature véritable de l’être infini et immuable. Par ce terme, on entend également que l’on se trouve au sommet d’une montagne et que l’on observe la vie depuis ce point.
 
Aussi, gardez en tête que ces termes sanskrits et le savoir associé existaient bien avant les enseignements tibétains. Les enseignements indiens de l’Advaita (Non-dualité) ont largement précédé les enseignements tibétains du Dzogchen.
 
On pourrait dire que tout est un perpétuel recommencement. 
 
Ceci étant dit, j’ajouterai que je trouve très intéressant le fait que certaines pratiques préliminaires du Dzogchen incluent ce qu’on appelle les exercices Korday Rushan, dont le but est de séparer l’essence de l’apparence temporaire (Nirvana et Samsara).
Pour faire Korday Rushan, il faut « se rendre dans un endroit isolé et exprimer tout ce qui nous vient en tête par des actes. » Cela me rappelle tout particulièrement Osho qui insistait sur la catharsis, sur le besoin de se débarrasser des émotions toxiques en préalable à la méditation. À ce sujet, la méditation dynamique d’Osho est un exemple merveilleux de la méthode Korday Rushan.
 
Comme vous le constatez, l’essentiel est d’accéder au point de vue le plus élevé, donnant une vue d’ensemble. Cette position permet une compréhension facile et globale. Toutes les choses, qui pourraient échapper à notre regard quand on demeure trop dans le monde des apparences, prennent alors leur sens. 
 
Bien à vous, ami du Dharma
Lhundrup 

Les yeux du Lama

Je m’appelle Lhundrup. Je suis au sommet d’une montagne au Tibet, entouré de gens. Un besoin de créer une plus grande protection et de commencer des invocations est apparu.
J’invoque les trois Joyaux : les Bouddhas, la Sangha et le Dharma. Puis, l’attention se porte sur l’invocation du Dharma jusqu’à atteindre une très forte intensité. Je continue de répéter : « J’invoque le Dharma. » À un moment donné, je commence à entendre le tonnerre dans les cieux. Phénomène fascinant, il gronde à chaque fois que je fais une invocation. Chaque répétition du mot DHARMA devient maintenant le tonnerre. Il y a une électricité colossale dans l’air.
Après cette série d’invocations, mon corps devient très léger et se met à flotter. Mon corps est en position de lotus et commence à glisser dans l’air au-dessus de la montagne, à la rencontre d’un autre lama. Celui-ci s’appelle Drupchen.
Tandis que j’approche ainsi de lui, je le regarde dans les yeux. À ce moment-là, ils changent instantanément et se transforment en deux bassins d’énergie océanique ; alors, je me perds entièrement dans les yeux du lama.
Tandis que je continue de le regarder dans les yeux, je perçois la même force océanique qui se libère dans mon organisme. Rapidement, elle devient une force totalement incontrôlable qui explose dans mon corps. Regarder dans ses yeux revient à scruter le cosmos infini. Plus je me plonge dans son regard, plus mon énergie intérieure explose et entre en expansion. Elle atteint de telles dimensions indicibles et électrisantes que soudain, le corps est sous le choc de constater que sa réalité change : il devient blanc, occidental.
Il se retrouve assis sur un lit, quelque part à Paris. Mais tout ne s’arrête pas là : l’extraordinaire transmission se poursuit. À travers les yeux du lama, le cosmos semble se déverser dans mon corps. La présence océanique se relie à moi et je deviens comme elle.
Le corps est complètement sous le choc et des larmes coulent abondamment sur son visage du fait de l’impact colossal de l’événement. Mais la transmission continue, les yeux du lama semblent flotter dans une chambre de Paris. Le processus se poursuit de manière incontrôlable pendant un quart d’heure supplémentaire. Puis, la force se résorbe quelque peu, tandis que le corps fait spontanément une série de mudras.
Tout cela continue cinq minutes de plus, puis le calme jaillit et la force commence à s’intégrer dans le corps. Il est temps de prendre une tasse de thé.

L’intention du Bodhisattva


Voici une très belle question : « suis-je sur le bon chemin ? » Le simple fait de se la poser signifie que l’on est déjà sur le bon chemin, car ce dernier commence par cette même question, que la plupart des gens ne se posent même pas. Ils se contentent de chercher à satisfaire leurs désirs, désirs qui leur ont été mis en tête par la société : argent, relations sentimentales… Et tout particulièrement les relations sentimentales, qui semblent être une véritable religion d’État où que ce soit. On cherche aussi à avoir un statut, la célébrité et la richesse. On court après. Puis un beau jour, on est surpris de voir que toutes ces choses s’écroulent et qu’elles ne nous ont pas apporté le bonheur tant espéré.

Shakyamuni avait perçu la nature véritable de la souffrance et il n’était donc pas surpris. À l’origine, son entourage avait tenté de lui cacher l’existence de la souffrance, de la vieillesse et de la mort.
Il est dit que par la suite, les Dieux s’inquiétèrent et furent pris d’angoisse : ils ne voulaient pas que l’incroyable potentiel de Shakyamuni soit gaspillé. En effet, il avait le potentiel d’atteindre l’éveil.

À la naissance de Shakyamuni, l’astrologue présent parla ainsi : « Cet homme deviendra soit un grand empereur soit un Bouddha. » Naturellement, le père de Shakyamuni, qui était roi, n’avait pas intérêt à ce que son fils devienne un Bouddha. Il voulait qu’il prenne sa succession et que lui aussi devienne un grand monarque.
Par conséquent, la vie de Shakyamuni devint une fête constante. Il était entouré de plaisirs et de luxe, car à sa naissance, on avait prédit que le jour où il découvrirait l’existence de la souffrance, il choisirait la voie de l’éveil, de la Bouddhéité. C’est pour cette raison que tout fut tenté pour protéger le jeune Shakyamuni des réalités de la souffrance, de la maladie et de la mort, afin d’écarter ces vérités de son chemin.

Puis un jour, il réussit à quitter le palais dans lequel il avait passé toute sa vie. Il constata alors l’existence de la vieillesse, de la souffrance et de la mort. Il demanda alors à son serviteur : « Est-ce que cela va m’arriver à moi aussi ? » Il est dit qu’alors, le serviteur s’apprêtant à mentir, les dieux qui observaient l’échange le forcèrent à dire la vérité. C’est ainsi qu’ils lui firent dire : « Oui, vous vieillirez, puis viendront la souffrance, le déclin et la mort. »

Le soir même, il quitta le palais, ayant pris conscience que toute l’abondance et les plaisirs constants de son quotidien représentaient une illusion totale. Son souhait devint alors de transcender toutes les illusions, les racines de la souffrance, les désirs. Et tel est le tout dernier désir : celui de s’éveiller.
Cette envie devint si forte en lui qu’elle atteignit son paroxysme quand il prit l’incroyable décision de s’asseoir sous l’arbre de la Bodhi jusqu’à connaître l’éveil total. Il voulait trouver la nature véritable de l’existence. Il resta assis sous l’arbre pendant 49 jours. À la fin desquels il atteignit l’éveil.

Tel est l’ultime désir, le plus fabuleux, le plus élevé : vouloir comprendre la nature véritable de l’existence et ne plus se laisser leurrer par les drames shakespeariens. Si vous voulez trouver la vérité, vous devez le vouloir de tout votre être.

Si vous voulez la compassion, vous devez être présent dans l’instant, car à vrai dire, chaque moment vous donne l’opportunité de faire preuve de compassion. Et il y a 1 million de façons de le faire.

Si vous traversez le métro sans un centime en poche, vous pouvez toujours appeler les Bouddhas et leur dire : « Je vous demande d’éveiller toutes les âmes de ce métro instantanément. »

Cette prière, cet appel, est l’expression d’une compassion incroyable. Si vous ressentez la vraie souffrance des êtres qui vous entourent et que vous considérez qu‘il s’agit d’une expérience personnelle, quelque chose qui vous force à réagir, vous avez le sentiment qu’il vous faut passer à l’acte. Alors, mentalement, adressez-vous ainsi aux Bouddhas :

« J’invoque tous les Bouddhas du passé, du présent et de l’avenir (cela en fait beaucoup). Je vous demande d’éveiller et de bénir tous les êtres sensibles de l’univers. » Faites cela en silence, dans votre tête et dans votre cœur. C’est un acte capital que vous accomplissez.

Vous êtes en train de ressentir l’univers qui vous entoure et qui grouille de vie à des milliards de niveaux, chaque être faisant des efforts, évoluant, souffrant, rejetant la douleur et voulant le bonheur. Vous pouvez ressentir tout cet univers rempli de formes de vie et faire une prière au nom de chacune d’entre elles en demandant leur bonheur. C’est énorme.

Et tous les Bouddhas, quand vous ferez pareil acte, vous regarderont et répondront. Ils déverseront leur approbation sur vous et accorderont les bénédictions que vous avez demandées.
Il s’agit là d’un travail sacré. Avancer ainsi dans sa vie signifie que l’on est en chemin, que l’on veut s’éveiller et que l’on veut la fin de la souffrance pour tous les êtres sensibles. Ce chemin est le bon, il n’y en a pas d’autres. Il en va ainsi. Si vous comprenez cela, vous avez tout compris.

Si vous vivez ainsi, tous les Bouddhas viendront à votre aide. Toutes les portes et toutes les situations s’ouvriront à vous, vous recevrez tout le soutien nécessaire, car telle est l’intention du Bodhisattva. Et vous êtes déjà un Bodhisattva : votre intention le montre.

Aussi, méditez autant que possible pour éveiller votre conscience. 

Apprendre à partager le Dharma

J’ai commencé à partager sérieusement le Dharma en 1981, après avoir passé cinq ans à l’ashram d’Osho à Poona, en Inde. Ces cinq années furent consacrées à la pratique de la méditation ; le cœur de cette pratique était les deux heures de méditation en présence directe d’Osho, moment que l’on ne peut que décrire comme incroyablement enrichissant et lumineux. Les activités de méditation à l’ashram commençaient à 6 heures du matin et se terminaient vers 22 heures. Il était donc facile de passer au minimum cinq à six heures par jour à méditer. Toutefois, de nombreuses opportunités nous étaient données de pratiquer douze heures et plus par jour. En effet, une fois par mois, il y avait une retraite de méditation de 10 jours avec huit heures de pratique quotidienne. Il y avait également les groupes de pratique de la méditation Vipassana sur 10 jours, à raison de douze heures par jour, si l’on inclut les deux heures en présence du Maître. D’autres groupes, dont celui que l’on appelait Soma, proposaient différentes pratiques ésotériques et duraient jusqu’à 14 jours. Il y avait même des rassemblements, tels que celui qui portait le nom de « retraite intensive d’Éveil », au cours duquel le pratiquant était invité à se poser la question « Qui suis-je ? » jusqu’à seize heures par jour.
 
Cela vous donne un petit aperçu de l’intensité qui régnait dans l’ashram d’Osho, pourvu que l’on fût prêt à pratiquer et à travailler sur soi.
 
Avant de vivre à l’ashram d’Osho, j’avais passé trois années à me faire former directement par un yogi indien traditionnel du nom de Mahindra, qui m’a appris de nombreuses sciences yogiques, dont les Mantras et la méditation Kriya. Par la suite, j’ai continué ma formation dans l’Himalaya. J’ai séjourné auprès de yogis dans des ashrams et dans des grottes au bord du Gange. C’est là qu’en 1975, j’ai rencontré Swami Charanananda, disciple de Nityananda et plus particulièrement de Swami Paramananda Avdhoot, qui vivait à Badrinath, non loin de la frontière tibétaine, à une altitude de près de 4000 m. Le temps passé auprès de ces yogis fut des plus précieux.
 
En avril 1981, je me suis rendu à Tokyo, où j’ai commencé à partager le Dharma en animant des stages et des retraites intensives de méditation. On pourrait dire que c’est là que j’ai commencé à discerner ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait pas.
 
Ce qui fonctionne le plus efficacement est de pratiquer la méditation en groupe, de donner aux gens l’opportunité de faire une expérience directe.
 
Il était en revanche assez peu efficace de proposer aux participants des séances de questions/réponses. On pourrait se dire qu’il est important de créer un espace permettant aux gens d’ouvrir leur cœur, mais je me suis rendu compte que nombreux étaient ceux qui ne savaient ou même n’osaient pas poser des questions pertinentes pour eux.
 
Leurs questions existentielles auraient dû ressembler à : « Je suis malheureux et déprimé. Pourquoi est-ce que je souffre tant ? » Au lieu de cela, ils posaient des questions intellectuelles superficielles qui, si l’on tentait d’y répondre, ne leur apportaient aucun soulagement. J’ai bientôt appris à ignorer de nombreuses questions intellectuelles et soit à aborder les dynamiques et les racines de la souffrance (il est presque impossible de se tromper quand on choisit ce thème), soit à exhorter les gens à poser une question authentique exprimant leur vulnérabilité.
 
Ce qui fonctionne également bien est de parler de mes expériences directes en méditation. C’est efficace pour plusieurs raisons. D’abord, je partage directement mon vécu, sans citer aucun livre, ce qui semble très inspirant. Ensuite, il y a un autre facteur que j’ai commencé à prendre en compte au fil du temps : quand je parle de mes expériences de méditation, c’est comme si l’atmosphère de la salle changeait. Parler de Samâdhi crée la senteur propre à cet état. Au départ, cela m’a surpris et j’ai ensuite remarqué que quand je partage mon expérience directe, certains participants en ont un ressenti. Cela me paraît être un moyen précieux de partager le Dharma.
 
Avec le recul, après 32 années d’enseignement, je peux affirmer avec certitude que mon fonctionnement a énormément évolué au sens où la fluidité de ma présentation s’est fortement amplifiée. Un jour, Julia, une de mes élèves, m’a dit quelque chose que j’ai pris comme un compliment : « Tu sais, les gens reviennent non pas parce que tu es spirituel, mais parce que tu es drôle ! » Peut-être ai-je évolué : d’enseignant spirituel, au sens premier du terme, je serais devenu humoriste spirituel, au sens second du terme. Ce serait une bonne chose.
 
Un autre aspect fondamental dans le partage du Dharma est d’être authentique et vulnérable. J’ai vu de nombreux enseignants spirituels succomber à la tentation d’apparaître plus élevés qu’ils ne le sont vraiment. Pour moi, c’est un premier pas dans la mauvaise direction. Je considère qu’il est capital d’informer les gens que je ne suis pas Superman, que je suis tout à fait capable de faire beaucoup d’erreurs et que j’ai encore beaucoup à apprendre. Et même, grâce à la pratique de la méditation, j’ai enfin compris à quel point je suis ignorant. Je m’autorise donc à signaler aux gens que je suis très peu éclairé, que j’ai encore beaucoup de travail à faire et que, quand je rentre chez moi, après les enseignements, je pratique, j’invoque et je prie, tout comme eux.
 
Ceci étant dit, je m’autorise ensuite à partager avec eux mon aspiration à la libération. Je leur indique que comme eux, je suis en quête. Je leur offre mon amitié. J’affirme haut et fort ne rien maîtriser et avoir encore beaucoup à apprendre. Je suis moi-même, dans toute mon humanité, sans prétention particulière. Cela semble prépondérant pour un enseignant du Dharma, mais je constate que beaucoup font des erreurs à ce niveau-là. Très souvent, je rappelle aux gens qu’ils peuvent faire appel à leur intuition pour résoudre leurs problèmes et quand j’ignore la réponse à leur question, je le leur dis clairement.
 
Ce qui me réussit est d’être moi-même.
 
J’ajoute que récemment, j’ai commencé à moins parler du Dharma et à passer plus de temps à pratiquer la méditation avec le groupe. Cela crée de longues séances de méditation, dont les résultats sont tangiblement encourageants, les participants entrant dans des états de méditation plus profonds et se sentant très élevés.
 
C’est pour moi un grand privilège d’avoir appris l’une des méthodes méditatives les plus puissantes à l’ashram d’Osho, à Poona. J’appelle cela le Cercle de transmission de mantras. Chanter des mantras est un outil de transformation extrêmement puissant et cette technique amplifie l’énergie des mantras. La paix profonde et la beauté qui se lisent sur les traits des visages sont merveilleuses à contempler.
 
Dans notre for intérieur, nous aspirons à revenir dans la Paix au-delà de tout entendement. Notre souhait est de renouer le contact avec ce qui est Beauté éternelle.
 
Une chose est merveilleuse : cela est possible pour chacun d’entre nous.

Amour

 Si, aujourd’hui, personne ne vous a dit « je t’aime », alors écoutez, c’est pour vous :
« Je vous aime. »

Qui suis-je?




Au cours des années 70, j’ai passé cinq années à l’ashram de Bhagwan Shree Rajneesh, qu’on appelle désormais Osho. Lors de cette période, j’ai passé en moyenne cinq heures par jour à méditer, mais souvent, je faisais des retraites durant lesquelles je méditais jusqu’à dix heures, voire plus, chaque jour, pendant trois semaines d’affilée. Quand je faisais des efforts méditatifs d’une telle intensité, beaucoup de choses changeaient dans ma conscience et à un moment donné, je me suis souvenu avec une grande clarté que durant ma dernière vie, j’avais été un Tibétain, tué par un Chinois tandis qu’il dévalait les pentes d’une montagne.
Chose étonnante, je me suis rapidement réincarné dans une famille allemande et à l’âge de six ans, mes parents ont tenté de fuir l’Allemagne de l’Est pour se réfugier à l’Ouest. J’ai passé quelques mois dans un camp de réfugiés allemands et ai ainsi réussi à reprendre et terminer ma fuite, chose que je n’avais pu faire dans ma vie tibétaine. 

À d’autres moments, j’ai vécu une même expérience incroyable dans laquelle je me trouvais dans deux corps à la fois, l’un tibétain, l’autre étant le corps actuel. Observant la scène d’en haut, j’ai compris que le savoir enfermé dans le corps tibétain cherchait à être transféré dans l’autre. C’était comme si l’on transférait des fichiers d’un ordinateur à un autre. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’était une expérience très exotique.
C’est aussi ce qui explique qu’aujourd’hui encore, il m’arrive de recevoir des transmissions massives de la part de yogis tibétains. À l’un d’entre eux, je donne le nom de Lama Drubchen. Mon dernier contact avec lui remonte à la fin de l’année dernière.

Ces contacts sont à vous dresser les cheveux sur la tête : ils m’ouvrent à une vision extrêmement élargie de l’Univers, ainsi qu’à une présence qui me donne le sentiment que le corps est traversé par un million de volts. Ainsi, il est fascinant de voir que mon existence balance entre Osho et cet autre enseignant, Drubchen.
J’éprouve donc une très grande gratitude vis-à-vis du monde tibétain, tout en sachant que j’ai par ailleurs fait le choix de ne pas y retourner, tout du moins sous une forme extérieurement visible, dans la mesure où il est aujourd’hui très limité et lourdement handicapé. 

C’est pour cette raison que je suis revenu dans un corps occidental et après la période que j’ai passée dans l’Himalaya en 1975, près de la frontière tibétaine, j’ai eu la chance d’être littéralement appelé par Osho et de vivre ces cinq années extraordinaires de méditation en adoptant une intensité monastique dans ma pratique, sans pour autant avoir à subir les limitations propres aux ordres religieux et qui sont pour la plupart inconnues et cachées aux yeux de l’observateur non averti du bouddhisme tibétain.

Les êtres qui ont accès à la connaissance profonde découvriront qu’Osho était autrefois un yogi tibétain (à mon avis, Milarepa), ce qui a été confirmé par feu le 16e Karmapa dans les années 70. Aussi, en un sens, je continue à perpétuer la tradition tibétaine la plus profonde et la plus réelle qui soit, et qui s’exprime différemment dans un corps blanc, sous la bénédiction de maîtres tibétains tels que Drubchen et Osho (qui a lui aussi quitté la forme tibétaine trop reconnaissable, également parce qu’elle était devenue trop limitée et trop corrompue).

 Je considère vraiment que j’ai la chance d’être guidé par les extraordinaires présences de Drubchen et d’Osho. La seule façon dont je puisse vraiment dire merci est de partager ce que j’ai reçu et ce que je continue de recevoir.

Cet ouvrage représente ma façon d’essayer de partager et de remercier. Il est l’expression de ma joie ; c’est pourquoi je vous invite à découvrir ce qui vous met en joie et à suivre vous aussi le chemin tracé par votre joie.

Merci.

Andreas Mamet
alias Swami Anand Karunesh
alias Lhundrup