Je voudrais maintenant aborder la dimension de la générosité. Voici une très belle citation d’Alain Michel, un homme que j’aime et respecte beaucoup. Selon lui, la source de toute souffrance sur Terre est le manque de fraternité.
Ce que l’on constate aussi avec la méditation est qu’elle rend plus compatissant. Mon expérience méditative personnelle m’a permis de prendre conscience qu’elle décuple la sensibilité. Un jour, à la suite d’une de mes retraites de dix jours de méditation Vipassana, on m’a demandé ce que j’avais ressenti après. J’ai à moitié plaisanté en citant cette tirade de Lucy dans le film éponyme : « Je ressens tout ».
La méditation augmente effectivement la capacité à ressentir l’autre, elle rend vivant, de plus en plus vivant même. Savez-vous alors ce qui se passe ? On ressent instantanément la souffrance d’autrui, elle devient une expérience personnelle. C’est très surprenant. C’est pour cela que le Bouddha a dit : « Je constate que vos efforts méditatifs portent leurs fruits quand vous devenez plus compatissants ». Je dirais même qu’au-delà de la méditation, le « simple » fait d’être compatissant est la démonstration d’une conscience humaine évoluée.
Et cela va même jusque dans le domaine de l’argent, qui est la dernière frontière, puisque, sur cette planète, c’est peut-être financièrement que l’on a le plus d’hésitation à partager, à donner. Je considère que l’absence de volonté de partager son argent est une perversion, une maladie planétaire qui prend sa source dans la peur. C’est une maladie qui est au fond de chaque être humain, au fond de l’humanité, c’est la démonstration d’une conscience qui pense : « je suis séparée d’autrui, peu m’importe ce qui arrive à cette personne ». C’est une maladie grave, une véritable perversion. C’est alors que les Beatles se demandent : « Comment avez-vous été divertis et pervertis ? »*. La plupart des gens ont trop peur, sont trop contractés pour partager leur argent.
La générosité est le paroxysme de la conscience, c’est l’éveil de la conscience humaine ; la compassion est l’apogée de l’existence humaine. Le partage de l’argent est l’alpha et l’oméga de la générosité. Se servir de son argent pour apaiser la souffrance d’autrui est une preuve de grande évolution chez l’être humain. À Paris, on voit très souvent des mendiants et je vois beaucoup de Parisiens qui semblent victimes d’une sorte de « burn-out » de la compassion : ils ont vu trop de personnes demander l’aumône et ne le supportent plus. Ainsi, il arrive, quand on vous demande de l’argent, que vous en ayez assez et que vous fassiez comme si la personne n’était pas là.
Je trouve ce comportement révoltant. Si vous regardez ces miséreux dans les yeux, vous verrez que rares sont ceux qui ont choisi de se retrouver là pour faire carrière et donc rares sont ceux qui vont dans le métro pour exploiter votre générosité et votre richesse. Je me souviens un jour que lorsqu’une jeune femme est passée mendier, tout le monde a détourné les yeux pour l’ignorer. Trouvant cela parfaitement insupportable, je lui ai donné 5 € en guise de protestation. Je me dressais ainsi contre tous ces gens qui ignoraient cette femme, je m’opposais à leur comportement. Puis cette femme m’a regardé et l’espace d’un moment, son regard a changé. Comme si, pendant un temps, toute son âme m’avait dévisagé. C’était un moment très fort, intense, comme si toute son âme avait été présente. J’en ai eu la chair de poule et je me suis dit qu’au fond, donner 5 € pour avoir cette expérience, c’était vraiment peu, ce n’était même rien. 5 € pour avoir un tel contact d’âme, c’était vraiment une somme modique.
Les gens que vous croisez sont vos frères, vos sœurs, mais vous l’avez complètement oublié. Par le passé, il y avait en Israël une pratique, la dîme, qui consistait à donner 10 % de ses revenus à des associations, à des organisations caritatives.
C’était une habitude. Quand on y réfléchit également du point de vue économique, ce comportement assurerait une fluidité monétaire au sein de la société dans soin ensemble. À partir du moment où l’on refuse de partager son argent, c’est comme si le flux de l’argent, telle une rivière, était gelé, figé. On interrompt le flot de l’abondance dans la société, par indifférence. Bref, on devient une sorte de Picsou. Dans notre société, il y a beaucoup de Picsou : les grands, les moyens et les petits. Ces derniers n’ayant pas beaucoup d’argent, ils le gardent envers et contre tout.
Voici mon message à tous les Picsou : Cher Picsou, je t’aime, je sais que tu souffres. Je sais que tu as peur. Picsou, je t’aime. Je vais te dire « je t’aime » jusqu’à ce que tu fondes comme de la glace Häagen-Dazs au soleil. Cher Picsou, je comprends bien ton problème : on ne t’a pas assez dit « je t’aime ». Donc tu es tout contracté, tout rabougri. Picsou, je t’aime, détends-toi, tout va bien aller. Aujourd’hui, tout va bien et demain, je te le promets, tout ira bien aussi. Cher Picsou, si tu partages un petit peu ton argent, l’univers va t’en renvoyer davantage. Je sais que cela te paraît contradictoire, mais c’est ainsi, cher Picsou.
Donc, je voudrais te chanter une chanson pour te guérir de tes contractions, de tes peurs, de ton avarice. Je vais te chanter cette chanson pour que tu puisses te détendre et partager un petit peu de cet argent que tu as. Voici ma petite berceuse pour toi, mon cher Picsou, pour que tu puisses mieux dormir ce soir :
Téyata Om Békandzé Békandzé Maha Békandzé Radza Samud Gaté Soha
(Mantra du Bouddha de la médecine)
(Mantra du Bouddha de la médecine)
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